En France, nous apprenons à manger trois fois par jour à heures fixes, sans grignoter entre les repas. Mais qui a dit que le modèle occidental était LE bon rythme à prendre ? Un rythme alimentaire s’adapte à la personne qui le vit.
Le rythme alimentaire est un apprentissage culturel qui s’encre depuis l’enfance. Cependant, avec nos activités, notre rythme de vie, nos habitudes alimentaires, il se peut qu’à l’âge adulte le rythme alimentaire imprégné ne convienne plus. Quels sont les signes à observer pour une meilleure adaptation du rythme alimentaire ? Quand devons-nous manger ?
Les signaux corporels et émotionnels
La faim est le marqueur d’un manque d’énergie, d’un besoin calorique. Elle est le symptôme du besoin physiologique de manger. L’envie de manger quant à elle, traduit un besoin émotionnel, un signal du cœur qui nous dirait « tiens, je mangerais bien un crumble aux pommes en rentrant du boulot ». L’envie fait donc écho à un besoin de se détendre en mangeant un aliment auquel nous pensons préalablement. Mais parfois, cette envie fait suite à de nombreuses pensées désagréables et contrariantes : « non, je veux maigrir, aucune chance que je craque pour un crumble. En plus, il est rempli de beurre et de sucre, je ferais mieux d’attendre le dîner pour manger sain et garder la ligne ». Nous voilà dans un combat sans fin, à lutter contre ce crumble qui pourtant, nous fait de l’œil et nous appelle. Parfois, nous pourrons lutter, parfois pas. Certains jours, nous pourrons faire ce foutu jogging que nous nous sommes imposés, au lieu de craquer, certains jours nous ne pourrons résister. Et s’en suit une avalanche d’auto-critiques avec en prime un bon manque de confiance en soi et un seau de culpabilité qui nous suivra les jours suivant. « Et si j’avais mangé ce crumble, que ce serait-il passé ? »
L’envie de manger : un feu qui s’embrase si l’on cherche à l’éteindre avec de l’huile.
Vous arrive-t-il de manger sans faim, juste par plaisir ? C’est ce qu’on appelle l’envie de manger. Ce plaisir, lorsqu’il est plein, vient calmer la tempête. Imaginez-vous une dispute avec votre conjoint(e). Cette dispute aura pu vous agacer, et pire, vous pourriez être en colère, vous sentir frustré, triste, seul. Ces émotions difficiles viennent parfois stimuler le besoin d’aller courir, l’envie de s’isoler, de déchirer, de crier. Mais parfois, elle viennent réveiller une envie de manger. Un besoin irrépressible de calmer ces émotions par un aliment câlin, un aliment qui fait du bien. Et bien cet aliment précis, c’est exactement celui que vous devrez manger. Ce n’est ni les pommes qui traînent dans votre saladier, ni les graines que vous avez soigneusement mis dans un joli bocal sur le rebord de la cuisine. Non, c’est bien cet aliment, bien sucré, bien calorique. Et si vous essayez de tourner autour en résistant, vos émotions pourront amplifier.
Prenez cet aliment et mangez-le avec douceur, il sera le réconfort que vous chercherez, le doudou que vous adorerez. Cet aliment saura vous réconforter, sans ajouter de poids sur la balance : et oui, même s’il est riche en glucides, en lipides, même s’il contient 450 calories aux 100 g, pensez que c’est celui dont vous avez besoin à ce moment-là. Plus tard dans la soirée, vos émotions seront plus apaisées et vous aurez peut-être moins faim au dîner. Prenez la quantité qui vous semble adaptée par rapport à cette faim et mangez doucement, jusqu’à ce qu’aucun plat ne vous fasse plaisir. Il arrivera peut-être que vous en laissiez dans l’assiette, tant pis. Mieux vaut en laisser plutôt que de se forcer à finir et sortir de table le ventre tendu, le sentiment d’être lourd et la culpabilité de ne pas avoir su s’arrêter.
Vers la régulation alimentaire
Les sensations alimentaires et l’envie de manger émotionnelle viennent moduler votre alimentation. Plus vous les écouterez, plus vous vous rapprocherez de la régulation alimentaire.
Apprenons à manger lorsque nous ressentons la faim et faisons-nous plaisir lorsque nous en avons envie. La faim du cœur n’est pas à négliger dans un rythme alimentaire raisonné. Manger trois fois par jour n’est peut-être pas cohérent si nous avons faim ou envie de manger à cinq reprises dans la journée. Fractionnons notre alimentation en fonction de nos sensations. Mangeons quand nous en ressentons le besoin et non par habitude.
Quel rythme adopter ?
Ce n’est pas parce que nous mangeons deux ou cinq fois par jour que nous grossirons. Si la balance énergétique est équilibrée, si nous répondons aux besoins de nos cellules, nous garderons/retrouverons un poids stable, un poids d’équilibre. “Il est inutile de se forcer à manger le matin ou d’alléger le repas du soir. On peut aussi bien maigrir en ne mangeant pas le matin et en faisant un gros repas le soir. Encore et toujours, seule la quantité de calories est importante.” (Jean-Philippe Zermati) – Et pour savoir de quelle quantité de calories nous avons besoin, il convient de revenir à l‘écoute des signaux corporels.
Le cercle vicieux / trouble du réconfort
De la même façon, nous ne devons en aucun cas répondre à un excès par une restriction. Il est tout à fait naturel dans une alimentation rationnelle de manger une raclette ou une pizza pour se faire plaisir. Compenser par une restriction quelle qu’elle soit serait entretenir le contrôle mental du comportement alimentaire. Par exemple, manger une salade pour compenser la pizza de la veille, uniquement dans un but de perte de poids revient à intellectualiser l’alimentation plutôt que d’écouter ses besoins. La salade pourra ne pas convenir et vous pourriez vous retrouver avec une boîte de donuts à la main. Reprenons simplement nos habitudes le lendemain. Mangeons selon nos besoins et non pour rattraper un excès ou compenser un régime.
Pour finir, croire que certaines calories font grossir alors que d’autres non est dangereux. “Un peu comme s’il existait des calories de plumes et des calories de plomb.” (Jean-Philippe Zermati) – Prenez par exemple une barre de chocolat : elle fait environ 30 g. Comment pourriez-vous prendre 1 kilos en mangeant 30 g d’aliment ? A méditer…